arrosoir2
Je suis une brindille verte, frissonnant dans le vent, Si frêle, sans béquille, ployant trop souvent. J'ai poussé à l'aveuglette entre deux pâquerettes, leurs blanches coroles reçoivent leurs amourettes, et leurs pistils d'or bourdonnent sous l'abeille. Ce balai se joue au soleil, ça butine et je veille. Mais ce matin tu m'as arrachée du sol, impudente et tu mâchouilles goulument, ma sève entre tes dents. J'ai pris de la hauteur et tu dégustes ma saveur diffuse, à l'horizontale, je voyage et tournoie, tu m'uses. Qu'on en finisse, j'insiste, c'est un supplice ; avale moi, ne sois pas vache, tu m'asticotes et bien si, quel émoi ! L'armoricaine à la robe pie rouge, broute sans doute... Moi la graminée dissoute, j'étais ...son restoroute ! (le bonheur est dans le pré...)